Easyjet lancera Flight Club (Edition 2015-49)

Lors de son 20e anniversaire célébré à Luton, la compagnie Low Cost a annoncé le lancement début 2016 d’un programme de fidélisation.

Difficile de rater le siège de Easyjet quand on sort de l’aéroport de Londres Luton: les bureaux occupent un vaste hangar peint dans la couleur emblématique du transporteur Low Cost, et, ce jour-là, une foule emmitouflée est massée devant la bâtisse pour saluer à grand bruit l’arrivée d’une vingtaine de cyclistes. Ils sont tous employés de la compagnie et viennent de relier en quatre jours Glasgow à Luton pour lever des fonds pour l’Unicef, et célébrer le 20e anniversaire du tout premier vol qui avait emprunté l’itinéraire inverse.

C’est dans ce cadre festif que Carolyn McCall, CEO, a rendu hommage à l’esprit pionnier de Stelios Haji-Ioannou, fondateur et propriétaire, face à quelque 500 convives réunis dans le hangar historique d’Easyjet. L’occasion de rappeler les circonstances de ce vol inaugural, sous un ciel gris et dans la per-plexi-té générale, tant le modèle commercial du transporteur détonnait à l’époque, et de citer quelques chiffres qui disent l’ampleur de la vague orange: en 1995, 40 000 passagers empruntaient les deux routes reliant Luton à Glasgow et Edimbourg et opérées par deux appareils; en 2015, 68 millions de passagers auront fréquenté les 788 routes exploitées à travers l’Europe par 243 avions. Quant au nombre d’employés, il est passé dans le même temps de 70 à 10 000, sans pour autant que l’esprit de la maison ait changé – on s’en rend vite compte en se baladant dans le siège où Carolyn McCall a son poste de travail au milieu de ses équipes et tient ses réu-nions sur un coin de table.

En marge de la fête à laquelle s’est même invité par vidéo interposée le Premier ministre David Cameron, Easy-jet a levé le voile sur un certain nombre de nouveautés. Il y a d’abord l’avion spécial dont le fuselage est orné d’une mosaïque de plus de 100 000 photos prises par ses passagers au cours des 20 dernières années; il y a ensuite les nouveaux uniformes équipés de LED et dotés de micros intégrés. Mais il y a surtout un programme de fidélité baptisé Flight Club, dont le lancement est prévu pour le début 2016, et qui cible en priorité les passagers qui voya-gent plus de vingt fois par an. 

«Le premier objectif de ce pro-gramme est de reconnaître que nous comptons chaque année davantage de repeaters (34 millions en 2010, 50 millions en 2015), et qu’un client sur cinq est un client très fidèle. Toutefois, nous ne souhaitions pas mettre en place un système basé sur les miles comme les autres compagnies, d’où la création d’un modèle innovant qui a été testé pendant 18 mois auprès de quelque 15 000 voyageurs, notamment sur le marché suisse», explique Thomas Haagensen, directeur commercial Europe du Nord.

Première particularité: les membres du club seront invités à le rejoindre après que la compagnie aura sélectionné sur chacun de ses marchés les candidats potentiels. Selon ses propres estimations, elle chiffre à plusieurs centaines de milliers le nombre de passagers potentiellement concernés par le programme Flight Club, essen-tiellement des voyageurs d’affaires, propriétaires de résidences secondaires ou personnes ayant de la famille ou des compagnes et compagnons dans un autre pays européen. Deuxième particularité: les membres verront leur fidélité récompensée par des avantages apportant une flexibilité accrue, et non par des vols gratuits. «Cela correspond à leurs attentes, poursuit Thomas Haagensen. Chaque catégorie de passagers a des besoins différents, ce dont nous nous sommes rendus compte en les interrogeant sur la question, raison pour laquelle nous avons déployé plusieurs types d’avantages.»

Concrètement, les membres du Flight Club pourront changer leur réserva-tion (sans frais et de manière illimitée), modifier le nom du voyageur (jusqu’à cinq fois par an et sans frais également), bénéficier de la garantie du meilleur prix (différence remboursée sur leur prochaine réservation si l’adhérent trouve son vol à un prix plus bas) et avoir accès à des offres spéciales et à un centre d’appels dédié. Une panoplie de services taillés sur mesure pour les passagers, et qui se développera au fil des mois. En effet, la compagnie vient d’annoncer la nomination d’Alberto Rey-Villaverde au poste de responsable d’analyse de données, le premier à occuper une telle fonction. Son rôle: étendre l’utilisation de l’intelligence artificielle à laquelle le transporteur fait appel depuis 2010 pour fixer les tarifs à d’autres domaines, à l’instar de Flight Club. 

Patrick Claudet, Luton