«Pourquoi Swiss ne sert-elle pas la fondue à bord?» (Edition 2015-51)

Le père Noël estime que son budget serait ingérable si les fournisseurs de lichen percevaient CHF 16.– par renne.

Père Noël, comme chaque année à pareille époque, vous êtes de passage dans la région. Avez-vous fait bon voyage?

Un voyage très agréable, mais via Londres cette fois-ci. Vous savez tous que notre bureau en Laponie a frisé la faillite il y a quelques mois. Dieu soit loué, tout est rentré dans l’ordre entre-temps. Tenus de couvrir l’ensemble de l’Europe, mes confrères et moi-même sommes pourtant obligés de surveiller strictement nos coûts. Nos voyages sont des déplacements d’affaires et nous avons opté pour le nouveau programme de fidélisation Flight Club d’Easyjet. Je vous donne un scoop: c’est la maison du père Noël qui a servi de cobaye pour les derniers ajustements de ce produit. Ça marche parfaitement. Nous avons même trouvé un arrangement pour le transport de nos rennes et des cadeaux annuels. Avec les autres programmes, c’est la galère lorsqu’on transporte des objets «encombrants». Surtout que nous voyageons durant la période la plus chargée de l’année, à partir de la mi-décembre.

Avez-vous suivi l’actualité de la branche depuis 12 mois?

Bien entendu! Je suis un grand voyageur et m’y intéresse de près. J’ai vu, par exemple, que la fierté des voyages en Suisse, Kuoni, est en mains allemandes. C’est sans doute une garantie de survie à moyen voire long terme. Mais pendant ces dernières années, le conseil d’administration n’a pas fait tout juste. Déjà l’an dernier nous en parlions en Scandinavie. Ce qui m’a chagriné, c’est la fermeture des agences CFF. Elles étaient bien utiles et, d’après mes sources, leur résultat était bien meilleur que celui dont parle la direction.

Vous qui volez désormais avec Easyjet n’aurez pas à payer ces fameux 16 francs introduits par le groupe Lufthansa. Qu’en dites-vous?

Je répondrai par une question: que fe-raient tous les pères Noël du monde si leurs fournisseurs de lichen percevaient 16 francs par livraison et par renne? Vous imaginez le problème de budget: nous avons chacun huit rennes à nourrir. Au contraire, nous entretenons de très bonnes relations commerciales avec nos fournisseurs et souhaitons que cela continue ainsi. Même Easyjet, qui travaille avec les systèmes de réservation, peut s’en passer. Pourquoi pas d’autres? 

En atterrissant à Genève, avez-vous appris le nom du nouveau directeur de l’aéroport?

Non. J’ai juste entendu que certaines personnes très compétentes auraient le profil choisi. J’espère que le conseil d’administration préférera les compétences aux considérations politiques lorsqu’il arrêtera son choix. Nous qui voyageons sans cesse savons mieux que personne qu’un professionnel doit diriger un aéroport.

Vous connaissez tout le monde en Suisse romande. Quelles personnalités vous ont séduit cette année?

Pour le côté «people», j’en retiens deux. Le petit Joáo Roque, de TAP, ému aux larmes lorsque votre branche l’a nommé Personnalité de l’année. Il le mérite vraiment, lui qui est l’un des derniers, si ce n’est le dernier, à faire autant pour les distributeurs et leurs clients. Lorenzo Stoll, de Swiss, me plaît bien aussi. On le voit partout, avec Joël Dicker, Bastian Baker et d’autres. J’ai entendu que son vœu le plus cher consisterait à servir de la fondue dans les avions de Swiss. Une idée marketing géniale! Et vu que les nouveaux C-Series de Bombardier sont très en retard, le constructeur dispose de temps en suffisance pour améliorer l’aération et placer un sympathique carnotzet à l’arrière de la cabine.

Vous rendrez visite à tout le monde?

Bien sûr! Nous sommes des hommes de terrain et non des administrateurs ne faisant que du «reporting». Nous sommes aussi dans un «People Business». Les jeunes pères Noël qui en doutent sont poussés à choisir une autre voie. Il devrait en être de même dans les voyages.  

TI