La succession est ouverte à Genève Aéroport (Edition 2015-39)

Un challenge de taille et des papables de qualité

C’est officiel: fin janvier 2017, Robert Deillon partira à la retraite après avoir dirigé Genève Aéroport pendant onze ans. Sous son ère, l’aéroport aura, entre autres, connu une croissance record en termes de trafic comme de recettes, et lancé les bases de la nouvelle Aile Est faisant partie d’une enveloppe budgétaire de l’ordre de 450 millions. Dans seize mois, le Gruérien tirera sa révérence. 

Pour le cabinet de recrutement chargé d’établir le profil du successeur idéal, la tâche n’est guère aisée: les papables – ils ne sont pas légion – devront connaître l’industrie aérienne et le milieu aéroportuaire, faire preuve de nombreuses qualités reconnues dans les milieux économiques et politiques locaux et régionaux, maîtriser les principales langues nationales, avoir l’entregent nécessaire pour affronter les médias, les partenaires sociaux ou les riverains, être capables de diriger une entreprise comptant plus de mille collaborateurs à plein temps et faire l’unanimité au sein d’un conseil d’administration composé d’une vingtaine de membres, dont certains sont très influents. La structure même de l’aéroport rend la recherche d’un successeur encore plus ardue: au final, le Canton de Genève, de même que le Conseil fédéral et l’OFAC devront approuver le choix, ce qui, en général, se fait sans opposition.

Si trois noms reviennent dans les discussions du Café du Commerce, c’est qu’ils ont tous trois les qualités requises pour relever le défi. Le Genevois Philippe Vignon, qui semble avoir fait le tour du propriétaire au sein de Genève Tourisme, semble réunir toutes les conditions, tant son réseau local, national et international est dense. Haralambof aussi. Dans son cas, il n’est pourtant pas sûr qu’il souhaite réintégrer une industrie qu’il connaît parfaitement et qui devient toujours plus contraignante. Quant à Eggenschwiler, il dirige avec succès un aéroport allemand et s’y sent visi-blement très à l’aise. Mais son ancienne casquette Swissair pourrait le desservir face au conseil d’administration, encore très susceptible à ce sujet.

Pure spéculation, bien entendu. Mais parachuter à l’aéroport un illustre inconnu constituerait un risque que les décisionnaires en place hésiteront sans doute à prendre. Il ne serait guère étonnant que ces trois papables figurent dans le dernier carré du chasseur de têtes.

Dominique Sudan